Communiqué de la coalition Printemps de la dignité a l’occasion des 16 jours internationaux de lute contre la violence à l’égare des femmes
La communauté internationale célèbre les 16 journées
d'activisme de la campagne mondiale contre la violence basée sur le genre cette année sous le slogan «Ne laisser
personne de côté".
En cette occasion, la coalition
« Printemps de la dignité », en dressant le bilan gouvernemental lié à la protection
contre la violence et la discrimination, s’indigne contre la tendance régressive générale des politiques publiques
dans ce domaine. En effet, la coalition constate que le gouvernement « a laissé de
côté » les préoccupations des
femmes marocaines et exclu les revendications du mouvement féministe de son
agenda et de ses priorités, et ce à l’encontre des engagements internationaux
du Maroc dans le domaine des droits humains des femmes. et en dépit des
dispositions constitutionnelles relatives aussi bien à la primauté des
conventions internationales sur la législation interne qu’à l'égalité des sexes dans tous les domaines.
La coalition
printemps de la dignité note particulièrement à cet effet:
-
la détérioration de la situation économique des femmes et
l'absence de mécanismes de « protection sociale », menant ainsi plusieurs d’entre elles- qui ne
cherchaient que de quoi survivre- à une mort certaine. Le suicide de « Mi
Fatiha » -vendeuse de pain et de pâtisseries de Kenitra- ; la mort
successive des 4 femmes porteuses de marchandise, écrasées et étouffées à
Tarajal -bab Ceuta, ou encore la bousculade mortelle de Sidi Bouleâlam dans la province
d'Essaouira ayant fait la mort tragique de 15 femmes et les blessures de
dizaines d’autres pour un panier alimentaire,… ne sont que de simples
et tristes illustrations du phénomène de la féminisation de la pauvreté dans
notre pays;
-
L'intensification de la violence contre les femmes et les
filles, la banalisation de la culture de la violence et son l'acceptation
sociale ainsi que la consécration d'une culture d'impunité qui s’aggravent
suite à la démission de l’Etatn caractérisée par son incapacité à protéger les
femmes et à garantir leur droit à la sécurité et à l'intégrité physique à
travers des mesures volonté volontaristes traduisant sa diligence voulue ;
-
Le cas du viol collectif de Zineb, la jeune fille handicapée
dans un bus à Casablanca, sous le regard indifférent du chauffeur et des
passagers, ou de l'agression sexuelle collective de 15 filles abandonnées -
dont El Hassna qui s’est donnée la mort - par un groupe de jeunes de la
banlieue de Rabat, ne sont que quelques exemples de cet état des choses.
-
L’ampleur
inquiétante que prend le phénomène du mariage des filles mineures qui ne cesse
d’augmenter pour atteindre plus de 46.000 cas lors des dernières statistiques
officielles de 2014, ce qui constitue une violation flagrante des dispositions
de la Convention relative aux droits de l'enfant et du Code de la famille et
une atteinte à leurs droits fondamentaux
à la santé sexuelle et reproductive, à l'éducation et à l'égalité des chances.
Le mariage d'une fillette de 12 ans à Tétouan au mois de septembre dernier et
qui n’a été stoppé que grâce à la veille des activistes en droits humains de la
ville, illustre cette situation
-
L’absence d’une volonté politique effective pour mener une
vraie réforme législative et institutionnelle basée sur l'interdiction et le
bannissement de la discrimination, la criminalisation de la violence, la prise
en charge de ses victimes et l’éradication du
l'impunité des auteurs.
-
Notons à cet égard le gap entre les dispositions de la
loi relative à l’autorité pour la parité
et la lutte contre toutes les formes de discriminations- promulguée récemment-
et les fondamentaux qui devraient cadrer ses
objectifs, sa composition, ses prérogatives et ses mécanismes de
fonctionnement, tels que définis par les
Principes de Paris, et ce au mépris total des revendications du mouvement des droits des femmes et des
droits humains et de leurs propositions,
ainsi que des avis des institutions nationales.
-
De
même, le projet de loi n°103-13 relatif à la lutte contre la violence faite aux
femmes, qui a été déférée à la chambre
des conseillers et dont l’actuelle mouture n’apporte pas aucune réponses aux problèmes
réels et épineux posés avec acuité par
le phénomène de la violence et reste en deçà des attentes du mouvement
féministe et de défense des droits humains ainsi que des aspirations des femmes marocaines en général.
En effet, ledit projet de loi a été élaboré en dehors de toute approche
participative effective et présente de multitudes vices aussi bien au niveau de
la forme que du fond. Il est à signaler notamment dans ce sens la quasi absence
de mesures effectives à même de lutter contre la violence, couvrant les quatre
dimensions nécessaires dans une loi de ce genre ; à savoir
de la prévention , la protection
contre la violence, la pénalisation de ses auteurs et la prise en charge des
victimes.
Compte tenu de ce qui précède, nous-
composantes de la coalition printemps de la dignité :
Nous notons que les femmes marocaines
continuent à payer cher l'absence d’une vision
gouvernementale claire quant à la promotion de la condition des
femmes ;
ü nous appelons à saisir l'opportunité
du remaniement ministériel à venir pour rompre avec l’actuel modèle de
développement ayant prouvé son échec, et incitons les responsables à investir
dans les femmes et les filles, et ce à travers :
ü L’adoption de politiques publiques
sensibles au genre et l’harmonisation de la législation nationale avec les
conventions internationales et en premier lieu avec la CEDEF ;
ü Le retrait du projet de loi n°103-13
relatif à la lutte contre la violence,
de la Chambre des conseillers en vue de sa révision afin qu’il garantisse la lutte effective contre les différentes
manifestations de la violence et la rupture avec sa culture et celle de l’impunité ;
ü la refonte globale du code pénal et
du code de la procédure pénale de façon à ce qu’ils garantissent la protection
des libertés individuelles, la dignité humaine des femmes et la sécurité des
citoyennes et des citoyens sans discrimination fondée sur le sexe, tout en y
incluant des dispositions spécifiques aux crimes relatifs aux violences faites
aux femmes dans les espaces privé et public ;
ü L’ouverture d’un débat profond et
serein autour du système successoral, et qui a démarré avec le chantier de la
réforme du code de la famille, et ce afin de garantir le plein accès des femmes
aux ressources et aux biens sur un pied d'égalité avec les hommes et ce
conformément aux engagements internationaux du Maroc relatifs aux droits de
l'homme ;
ü L’union de toutes les forces démocratiques pour soutenir
la lutte pour l'égalité des sexes en droits et dans tous les domaines et pour
combattre la violence et la discrimination à l'égard des femmes conformément à
la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes.
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