Franhce-Irak-Actualité MEURTRE DE JAMAL KHASHOGGI : les questions de Recep Tayyip Erdogan et le communiqué de Donald Trump Publié par Gilles Munier sur 26 Novembre 2018, 14:47pm




Tribune de Recep Tayyip Erdogan
dans le Washington Post*

2 novembre 2018

MEURTRE DE JAMAL KHASHOGGI : les questions de Recep Tayyip Erdogan et le communiqué de Donald Trump

Publié par Gilles Munier sur 26 Novembre 2018, 14:47pm

L’histoire est des plus connue : Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien et homme de famille, a pénétré dans le consulat d’Arabie saoudite le 2 octobre pour y accomplir des formalités de mariage. Personne – pas même sa fiancée qui l’attendait dehors - ne l’a jamais revu depuis. Au cours de ce dernier mois, la Turquie a remué ciel et terre pour apporter de la lumière sur tous les aspects de ce cas. C’est ainsi que tout le monde a su que Khashoggi avait été froidement assassiné par une équipe spécialisée, et que ce meurtre avait été prémédité.

Cela dit, d’autres questions non moins importantes requièrent des réponses qui nous aideront à comprendre cet acte lamentable. Où est le corps de Khashoggi ? Qui était ce « collaborateur local » à qui les Saoudiens auraient soit disant remis le corps ? Qui a donné l’ordre de tuer cette pauvre âme ? Malheureusement, les autorités saoudiennes refusent d’y répondre.

Nous savons que les auteurs de ces crimes font partie des 18 suspects détenus en Arabie saoudite. Nous savons aussi que ces personnes sont venues pour exécuter des ordres : tuer Khashoggi et repartir. Finalement, nous savons que ces ordres sont venus des strates les plus élevées du gouvernement saoudien. Certains espèrent que ce problème disparaîtra avec le temps. Mais nous continuerons à poser ces questions, qui sont cruciales pour l’enquête criminelle turque, mais aussi la famille et les proches de Khashoggi. Un mois après sa mort, nous ne savons toujours pas où est son corps. Il mérite au minimum un enterrement conforme aux coutumes musulmanes. Nous le devons à sa famille et à ses amis, y compris à ses collègues du Post, leur donner l’opportunité de faire leurs adieux et de présenter leur respect à cet homme honorable. Pour s’assurer que tout le monde continue de poser ces questions, nous avons partagé les preuves avec nos alliés et amis, y compris les Etats-Unis.

Alors que nous continuons de chercher les réponses, je voudrais souligner que la Turquie et l’Arabie Saoudite entretiennent des relations amicales. Je ne crois pas une seconde que le roi Salman, le gardien des mosquées sacrées, ait ordonné le meurtre de Khashoggi. Je n’ai donc aucune raison de penser que ce meurtre reflète la politique officielle de l’Arabie saoudite. En ce sens, nous aurions tort de concevoir le meurtre de Khashoggi comme un problème entre les deux pays. Cependant, je dois ajouter que notre amitié avec Riyad n’est pas une raison pour fermer les yeux sur le meurtre prémédité qui s’est déroulé sous nos propres yeux. L’assassinat de Khashoggi est inexplicable. Si une telle atrocité avait eu lieu aux Etats-Unis ou ailleurs, les autorités de ces pays seraient allées au fond des choses. Et il est hors de question pour nous de faire autrement. A l’avenir personne n’osera commettre un tel crime sur le sol d’un pays allié de l’OTAN. S’il quelqu’un choisit d’ignorer l’avertissement, il devra en assumer les conséquences. Le meurtre de Khashoggi était une violation claire et un abus flagrant de la Convention de Vienne sur les relations consulaires. Si un tel acte reste impuni, on risque de créer un précédent.  C’est pour cette raison aussi que nous avons été choqués et attristés par les efforts de certains représentants saoudiens pour couvrir un meurtre prémédité au lieu de servir la justice, ainsi que notre amitié l’exigerait. Bien que Riyad détienne 18 suspects, il est inquiétant de voir qu’aucune mesure n’ait été prise à l’encontre du consul général saoudien, qui a menti comme un arracheur de dents aux médias s’empressant de quitter la Turquie peu de temps après. De même, le refus du procureur saoudien – qui a récemment rendu visite à son homologue turc – de coopérer à l’enquête et de répondre à de simples questions est très frustrant.

L’invitation faite aux enquêteurs turcs de se rendre en Arabie saoudite pour poursuivre les discussions ressemble à une tactique dilatoire délibérée et désespérée.

Le meurtre de Jamal Khashoggi implique beaucoup plus qu’un groupe de membres de la sécurité saoudienne, tout comme le Watergate était bien plus qu’une simple effraction, et que les attaques du 11 septembre ne s’arrêtaient pas aux pirates de l’air.

En tant que membre responsable de la communauté internationale ; nous nous devons de révéler les identités de ceux qui tirent les ficelles du meurtre Khashoggi et de découvrir le nom de ceux en qui les représentants saoudiens, qui cherchent toujours à couvrir le meurtre, ont placé leur confiance.

Recep Tayyip Erdogan est le président de la Turquie.
Traduction et Synthèse : Z.E pour France-Irak Actualité

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