Según “France-Irak-Actualité", el urólogo Abdel-Rahman
Azzouzi, jefe de servicio en el CHU de Angers y miembro de su Concejo municipal
de la ciudad de Angers desde 2008
ha decidido dimitir de su mandato. A continuación la
carta que ha dirigido a sus colegas y amigos, que debido a sus giros y matices
la publicamos en su versión original (francés)
No obstante, comienza así:
“ Hará falta, tal vez, que continúe fingiendo
compartir un camino común con vosotros en una Francia que, cada día, niega un
poco más sus valores republicanos. No lo haré porque hay muchísimo que nos
separa. ¿Debería fingir aceptar vuestra ausencia de reacción cuando una pequeña
parte de nuestros conciudadanos vive ya una situación de excepción y que leyes
tienden implícitamente a los franceses musulmanes se suceden?...”.
Revista de prensa: El
Mundo de religiones. fr (10-2-2015)
Tribune libre du Professeur Abdel-Rahmène Azzouzi
Chers
collègues et amis,
Il
faudrait peut-être que je continue à faire semblant de partager un chemin
commun avec vous dans une France qui chaque jour renie un peu plus ses valeurs
républicaines. Je ne le ferai pas car beaucoup trop nous sépare. Devrais-je
faire semblant d’accepter votre absence de réaction, alors que toute une partie
de nos concitoyens vit déjà dans une situation d’exception et que des lois
visant implicitement les Français musulmans se succèdent ? Devrais-je faire
semblant d’accepter votre adhésion religieuse à une laïcité qui est devenue en
réalité l’arme ultime et exclusive contre les musulmans de France ? Devrais-je
faire semblant d’accepter votre mutisme lorsque l’école de la République s’attaque
avec violence à des enfants de 8 et 10 ans parce que musulmans ? Devrais-je
faire semblant d’accepter que vous détourniez le regard lorsque la police
française, institution républicaine où le racisme est endémique, tout comme
dans l’armée française, interroge ces mêmes enfants, comme on interroge des
criminels, sous la bienveillance de la ministre de l’Éducation ? Devrais-je
faire semblant d’accepter qu’une mère de famille, parce que musulmane, se voit
retirer brutalement ces cinq enfants un matin, à 6h00, par ces mêmes forces de
police qui vont jusqu’à refuser qu’elle allaite son bébé de 3 mois ? Devrais-je
accepter dans la mort de Bertrand Bilal à Joué-les-Tours que le parquet fasse
obstruction à la justice en refusant de nommer un juge d’instruction, empêchant
ainsi de réfuter la version officielle de djihadisme reprise machiavéliquement
par le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre ? Devrais-je faire
semblant d’ignorer la politique islamophobe de l’État français qui, premier
pourfendeur de la laïcité, s’immisce en permanence dans la gestion du culte
musulman pour mieux l’empêcher de s’organiser, tel que le fait le préfet
Burdeyron qui privilégie la gestion du culte musulman angevin par le consulat
du Maroc plutôt que par les dignitaires angevins d’obédience musulmane ?
Devrais-je faire semblant d’ignorer cette lecture de la laïcité à géométrie
variable par le gouvernement français qui demande aux musulmans d’être
invisibles dans l’espace sociétal français, mais qui termine ce merveilleux
élan républicain du 11 janvier dans la synagogue de la Victoire, en présence des
Premier ministre et ministre des Affaires Étrangères du gouvernement israélien
sous les cris de « Bibi » et de nombreux drapeaux israéliens agités dans un
lieu de culte par des citoyens français de confession juive ? Devrais-je
continuer de feindre l’approbation lorsqu’à longueur de temps, et malgré le
tsunami qui vient de s’abattre sur la
France, les médias continuent, comme si de rien n’était, à
inviter les mêmes Zemmour, Finkelkrault, Fourest et autre Pelloux pour nous
prodiguer les règles d’un vivre-ensemble dont ils n’auront jamais le secret ?
Devrais-je faire semblant d’accepter l’ostracisation permanente de Tariq
Ramadan, intellectuel contemporain hors norme, pendant que Zemmour sature les
plateaux des médias, mais aussi les salles municipales de France et de Navarre
? Devrais-je faire semblant d’ignorer l’apartheid médiatique et politique dans
lequel sont tenus des milliers d’intellectuels et d’experts français de confession
musulmane qui pourraient apporter la contradiction, voire la construction, dans
les innombrables débats et questions qui les concernent directement et dont les
Français sont abreuvés jusqu’à plus soif ? Devrais-je faire semblant d’ignorer
que la discrimination à l’emploi et aux logements dont sont victimes les
Français de confession musulmane est la règle plutôt que l’exception ?
Devrais-je faire semblant de soutenir aux prochaines élections cantonales la
nuée de candidats et candidates locaux tous plus blancs les uns que les autres,
comme pour mieux signifier, génération après génération, que les minorités
n’auront jamais vocation à représenter l’ensemble de leurs concitoyens, ce qui
me donnent la nausée ?
Insidieusement,
la France est
probablement devenue la nation démocratique la plus islamophobe du monde et
vous, élus du peuple de France, vous en portez, que vous le vouliez ou non, que
vous en soyez conscients ou inconscients, une part de responsabilité. Parce que
vous avez trop longtemps détourné le regard, des millions de Français de
confession musulmane vivent quotidiennement dans le malaise et l’incertitude.
Je vous reproche, toutes ces années, d’avoir laissé vos hauts responsables
politiques, mais également les grands médias nationaux installer progressivement
le poids d’une culpabilité imaginaire sur les épaules, déjà chargées par
l’Histoire, de vos concitoyens français d’obédience musulmane majoritairement
issus des colonies de feu l’Empire français.
Honte
sur ces puissants, mais lâches, de jeter en pâture toute une partie de la
population française, parce que musulmane, à la vindicte populaire. Et si ce
n’était cet attachement viscéral aux véritables valeurs de la République, qui n’ont
plus cours dans notre présente société asservie par l’argent, mais également à
cette incompressible volonté de donner corps à la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen, véritable patrimoine génétique du digne et généreux
peuple de France, alors notre lien à la France serait pour le moins conflictuel. Je n’ai,
en effet, aucune appétence pour les États malveillants et ceux qui les servent.
Parce
que la France
est cette nation particulière dans laquelle vivent pacifiquement de citoyens
athées, chrétiens, juifs et musulmans, pendant longtemps, j’ai cru que nous
finirions, à force de bonne volonté, par construire une Terre d’Andalousie,
fruit du génie français qui aurait pu servir de modèle de société dans un monde
en perte de repères et de sérénité. Mais le camp des éradicateurs est
activement à l’œuvre et couvre les voix et actes du camp des conciliateurs. Ce
qui en ressortira sera le fruit de vos actions ou inactions et celui de vos
combats ou capitulations. Ceux qui ne s’obstinent pas à construire la paix
obtiennent la guerre. Aussi petite fut ma contribution, mon retrait n’est pas
une défaite pour moi mais pour vous. À présent, je m’en lave les mains et après
toutes ces années de luttes et d’avertissements sans succès, je m’en retourne à
mon épouse, à mes enfants et à mes deux ânes. Fraternellement.
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